Neuvaine préparatoire à la Pentecôte

1er jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : introduction

Il n’est pas rare de rencontrer des chrétiens avouant ne pas connaître les dons du Saint Esprit. Tenez ! Serions-nous capables ensemble de retrouver ces 7 dons de l’Esprit Saint ?… Voici ce que nous en dit la Bible : Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur (Isaïe 11, 1-3). A partir de ce texte d’Isaïe, les Pères de l’Eglise ont ajouté le don de la piété pour arriver au chiffre symbolique de sept dons (sept étant le chiffre de la perfection). L’existence de ces sept dons n’est pas un dogme, mais nos pères dans la foi se sont servis de ce verset biblique pour exprimer l’expérience très forte qu’ils faisaient d’être parfois directement dirigés par l’Esprit Saint.

Et cette expérience forte peut être comparée à celle d’un voilier, sans moteur, qui avance aisément sur les flots, poussé par le vent qui souffle dans ses voiles ! Les dons de l’Esprit Saint sont comme sept voiles blanches hissées sur la barque de l’âme. Si elles ne sont pas déployées, la barque peut quand même avancer vers sa destination qui est le bonheur, et cela grâce aux rames des vertus (les 4 vertus cardinales des philosophes grecs et latins que sont la Prudence, la Justice, la Force et la Tempérance), mais cela peut demander un plus grand effort. En revanche, si les sept voiles des dons de l’Esprit Saint, reçues au jour de notre baptême, sont déployées, si elles sont bien tendues, si elles sont bien souples, le souffle de l’Esprit Saint les gonflera, et poussera la barque dans la direction qui conduit au bonheur de l’Amour et de la Vie éternels avec Dieu. Bien entendu, cela ne supprime pas les efforts. Avec le gouvernail de mon libre-arbitre, je reste le capitaine de mon âme, celui qui choisit d’utiliser les rames ou de hisser les voiles, celui qui met la barque dans le sens du vent ou pas… L’Esprit Saint ne fait pas tout le travail à ma place, il vient simplement m’aider, il vient me rendre la traversée plus aisée et plus claire !

Comme les auteurs spirituels et les théologiens différent énormément dans leur façon de classer ces 7 dons de l’Esprit Saint, en voici une parmi d’autres. Puisque les 7 dons nous sont donnés par l’Esprit Saint pour tourner davantage notre cœur et notre intelligence vers Dieu, ils font grandir en nous les 3 vertus théologales : Foi, Charité, Espérance. Autrement dit, il y a des dons qui font grandir notre Foi en Dieu (science, intelligence, sagesse), il y a d’autres dons qui font grandir notre Charité pour Dieu (crainte, piété), et il y a enfin des dons qui font grandir notre Espérance en Dieu (conseil, force).

2ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de science

Le don de science fait grandir notre regard de Foi.  « Lorsque l’on parle de science, la pensée se tourne immédiatement vers la capacité de l’homme de connaître toujours mieux la réalité qui l’entoure et de découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers. La science qui vient de l’Esprit Saint, toutefois, ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don spécial, qui nous conduit à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec chaque créature » (Pape François, catéchèse du 21 mai 2014). Autrement dit, le don de science nous fait découvrir et connaître qui est Dieu, il nous fait voir Dieu à l’œuvre dans le monde, à la fois dans la Nature et dans les événements de l’Histoire.

Ainsi, c’est par le don de science que saint François d’Assise, se sentant profondément le frère du soleil et des étoiles, du vent et de l’eau, a pu composer son cantique des créatures : « Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour, la lumière ; il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole ». C’est aussi par le don de science que la petite sainte Bernadette, quasi-analphabète, connaissant tout juste le « Notre père » et le « Je vous salue Marie », a été capable d’étonner par ses réponses sensées et limpides des gens instruits comme le commissaire de police, les médecins ou le curé : « Bernadette, est-ce que tu as été plus heureuse de recevoir le Bon Dieu le jour de ta première communion ou de causer avec la Sainte Vierge ? – ces choses-là vont ensemble et ne peuvent être comparées ».

3ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don d’intelligence

Le don d’intelligence fait grandir notre regard de Foi. Bien entendu, « il ne s’agit pas de l’intelligence humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons plus ou moins être pourvus. Il s’agit d’une grâce que seul l’Esprit Saint peut donner et qui suscite chez le chrétien la capacité d’aller au-delà de l’aspect extérieur de la réalité et de scruter les profondeurs de la pensée de Dieu et de son dessein de salut. […] Comme le suggère le mot lui-même, l’intelligence permet de « intus-legere », c’est-à-dire de « lire à l’intérieur » : ce don nous fait comprendre les choses comme Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu » (Pape François, catéchèse du 30 mai 2014). Autrement dit, le don d’intelligence nous fait comprendre le Mystère de Dieu et les situations qui nous arrivent, de l’intérieur et non d’après les apparences, avec les yeux de l’âme et non ceux du corps.

Ainsi, quand Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, ils ne le reconnaissent pas du premier coup : Marie-Madeleine croit que c’est le jardinier, les disciples d’Emmaüs le prennent pour un voyageur étranger, et les Apôtres le prennent pour un fantôme capable de passer à travers les murs. Mais le jour de la fameuse pêche miraculeuse, saint Jean le reconnaît tout de suite, alors qu’il est loin du rivage, et c’est le don d’intelligence qui ouvre les yeux de son cœur et le pousse à dire : « c’est le Seigneur » (Jn 21,7).

Le don d’intelligence nous fait aussi comprendre la Parole de Dieu dans sa profondeur. Jésus lui-même l’avait dit à ses disciples : « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26). On peut lire l’Évangile et commencer à comprendre quelque chose, mais si nous lisons l’Évangile avec ce don de l’intelligence demandé à l’Esprit Saint, nous pouvons comprendre la profondeur des paroles de Dieu.

4ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de sagesse

Le don de sagesse fait grandir notre regard de Foi. Pour un enfant, être sage signifie se tenir tranquille, ne pas faire de bruit à la maison pour ne pas gêner les grandes personnes ou ne pas réveiller le petit frère qui dort, ne pas bavarder en classe et travailler. On est d’accord ici sur ce que signifie être sage, mais la vraie sagesse, c’est quand même autre chose. Le sage, c’est celui qui, par sa connaissance et son expérience, connaît le bien à faire et le mal à éviter, et ainsi est capable de se frayer un chemin dans sa vie pour arriver au bonheur. C’est ainsi que « le Saint-Esprit rend le chrétien ‘sage’, pas au sens où il a une réponse pour chaque chose, qu’il sait tout, mais au sens qu’il sait comment Dieu agit, il reconnaît quand une chose est de Dieu et quand elle n’est pas de Dieu » (Pape François, catéchèse du 9 avril 2014). Or, Dieu est parfaitement sage : tout ce qu’il fait est parfait ; tout ce qu’il fait, il le fait par amour. Et même avec nos infidélités et nos péchés, il peut tout faire avec encore plus de perfection et encore plus d’amour. C’est ce qu’il nous a montré en nous donnant son Fils, mort sur la croix pour nous redire son Amour et ressuscité d’entre les morts pour nous ouvrir à nouveau le chemin du Ciel. Aussi, le don de la sagesse nous apprend à reconnaître en tout cet Amour de Dieu : habité par ce don, nous savons alors avec certitude que Dieu nous aime infiniment et que tout ce qu’il veut ou que tout ce qu’il permet, même l’épreuve, est pour notre bien.

Mais, par ce don de la sagesse, l’Esprit Saint ne se contente pas de nous faire reconnaître l’Amour de Dieu dans tout ce qui nous arrive, il nous apprend aussi à l’aimer en retour en faisant toujours sa volonté. C’est l’exemple que nous montre la Vierge Marie : quand le jour de l’Annonciation, l’Ange Gabriel vient lui annoncer qu’elle allait devenir la Mère de Dieu, elle n’a trouvé qu’un mot à dire, le mot le plus sage qu’une créature ait jamais prononcé : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout se fasse selon sa volonté » (Lc 1,38).

5ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de crainte

Le don de crainte nous fait rentrer dans une relation d’Amour filial avec Dieu. La crainte de Dieu « ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et veut notre salut, et qu’il pardonne, toujours ; c’est pourquoi il n’y a aucune raison d’avoir peur de Lui ! La crainte de Dieu, au contraire, est le don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits face à Dieu et à son amour » (Pape François, catéchèse du 11 juin 2014). La crainte, au sens biblique du terme, est ce sentiment de l’homme devant ce qui est absolument grand, devant ce qui trois fois saint ! Le don de crainte nous met ainsi à notre juste place devant Dieu, en nous donnant une connaissance claire de la distance qui existera toujours entre le Créateur et la créature que je suis. Le don de crainte dépose dans notre cœur une humilité à laquelle nous ne pourrions parvenir seul.

Du fait de cette conscience de la distance qui nous sépare de la sainteté de Dieu, le don de crainte nous donne aussi le désir de ne jamais offenser Dieu par le péché : non par crainte de se salir soi-même, mais par crainte de salir Dieu, non par crainte de la punition (comme l’esclave pourrait avoir peur de la punition de son maître), mais par crainte de blesser l’infinie tendresse de Dieu pour nous (comme un fils craindrait de blesser l’amour que son son père lui porte).

Ce don de la crainte de Dieu est très important, car il « nous fait prendre conscience que tout vient de la grâce et que notre véritable force réside uniquement dans le fait de suivre le Seigneur Jésus et de laisser le Père déverser sur nous sa bonté et sa miséricorde. Ouvrir son cœur, afin que la bonté et la miséricorde de Dieu pénètrent en nous. C’est ce que fait l’Esprit Saint avec le don de la crainte de Dieu : il ouvre les cœurs » (Pape François, catéchèse du 11 juin 2014).

6ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de piété

Le don de piété nous fait rentrer dans une relation d’Amour filial avec Dieu. C’est un don souvent mal compris ou considéré de manière superficielle ! « Certains pensent que faire preuve de piété signifie fermer les yeux, prendre le visage d’une image pieuse, faire semblant d’être comme un saint. […] Ce n’est pas le don de la piété » (Pape François, catéchèse du 4 juin 2014). La piété (ou piété filiale) est ce don de l’Esprit Saint qui nous fait aimer Dieu comme notre Père du Ciel, avec une grande confiance, avec l’affection d’un fils. « La piété est donc synonyme d’une proximité filiale avec Dieu, de cette capacité à le prier avec amour et simplicité qui est propre aux personnes humbles de cœur » (idem).

Dans sa lettre adressée aux chrétiens de Rome, saint Paul disait : « En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8,14-15). Autrement dit, pour bien dire le « Notre Père », nous avons besoin de l’Esprit Saint. Tout seuls, nous pouvons évidemment « réciter » les paroles du Notre Père, mais nous ne comprenons pas avec le coeur ce que nous disons, nous ne réalisons pas que celui à qui nous parlons est présent au fond de notre âme ou vivant dans le tabernacle. C’est la raison pour laquelle, trop souvent, nous disons si mal nos prières. C’est le don de piété qui nous permet de nous adresser à Dieu avec toute l’affection et toute la confiance d’un fils ou d’une fille pour son père.

Ce don de piété est le complément nécessaire de la crainte, car, comme le disait si bien Saint François de Sales, nous devons avancer vers Dieu avec les deux béquilles de l’humilité et de la confiance.

7ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de conseil

Le don de conseil nous aide à affronter avec Espérance les difficultés de la vie chrétienne. « Nous savons combien il est important, dans les moments les plus délicats, de pouvoir compter sur les suggestions de personnes sages et qui nous aiment. Or, à travers le don du conseil, c’est Dieu lui-même, avec son Esprit, qui illumine notre cœur, de manière à nous faire comprendre la juste manière de parler et de se comporter et le chemin à suivre » (Pape François, catéchèse du 7 mai 2014). Autrement dit, le don de conseil nous apporte le discernement spirituel : il nous donne de voir, parmi plusieurs choses possibles, ce qu’il faut faire pour plaire à Dieu ; il nous donne de voir au fond de notre âme, quels sont les meilleurs moyens que nous devons prendre, en particulier dans les situations difficiles (comme la maladie, l’échec, le chômage…), pour arriver à notre but, c’est-à-dire le Ciel.

Plus concrètement, quand l’Esprit Saint nous fait ce don de conseil, il « commence immédiatement par nous rendre sensibles à sa voix et à orienter nos pensées, nos sentiments et nos intentions selon le cœur de Dieu. Dans le même temps, il nous conduit à porter toujours plus notre regard intérieur sur Jésus, comme modèle de notre manière d’agir et de nous mettre en relation avec Dieu le Père et avec nos frères. Le conseil est donc le don par lequel l’Esprit Saint rend notre conscience capable de faire un choix concret en communion avec Dieu, selon la logique de Jésus et de son Évangile » (idem).

Ce don de conseil qui se reçoit dans la prière, c’est-à-dire dans l’intimité avec Dieu et dans l’écoute de sa Parole, nous aide à mettre « peu à peu de côté notre logique personnelle, dictée le plus souvent par nos fermetures, par nos préjugés et par nos ambitions, et […] à demander au Seigneur : que désires-tu ? Quelle est ta volonté ? Qu’aimes-tu ? » (idem). Mais ce don de conseil se communique également dans la vie de la communauté chrétienne, car l’Esprit Saint nous conseille aussi à travers nos frères qui, par leur voix et leur témoignage, peuvent nous aider à faire la lumière dans notre cœur et à reconnaître la volonté du Seigneur !

8ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : le don de force

Le don de force nous aide à affronter avec Espérance les difficultés de la vie chrétienne. Pour vous parler du don de force, rien de mieux qu’une petite histoire. Nous sommes à Rome, vers l’an 254, à une époque où les chrétiens sont persécutés et doivent vivre cachés. Tarcisius est un jeune garçon d’une quinzaine d’années, qui a l’habitude d’assister les prêtres à la messe, comme servant d’autel. Un jour, il accepte la mission de porter les saintes espèces (précieusement enveloppées dans un linge) aux chrétiens qui ont été arrêtés et qui doivent être livrés aux fauves, et ce, afin qu’ils puissent communier une dernière fois avant de mourir. Sur sa route, il rencontre des camarades d’école qui, au début sans penser à mal, lui demandent de se joindre à eux pour jouer. Tarcisius refuse. D’abord intrigués, puis furieux de son refus, ses camarades veulent alors le forcer à ouvrir ses mains pour voir ce qu’il portait avec tant de soin sur son cœur. Mais Tarcisius refuse d’ouvrir les bras : une force extraordinaire les avaient comme soudés. C’est alors que quelqu’un s’écrie : « ce doit être un chrétien ! » Alors, ses camarades se déchaînent et se mettent à lui jeter des pierres… Passant par là, un centurion chrétien réussit à mettre les garnements en fuite, mais il arrive tout juste pour recueillir les saintes espèces. Tarcisius a cessé de vivre. L’Eglise l’appelle désormais saint Tarcisius, saint patron des servants d’autel.

Cette histoire-là se répète bien souvent, sous des formes un peu différentes, toutes les fois que l’Eglise est persécutée, toutes les fois qu’un chrétien est martyrisé. Seuls, ces chrétiens auraient eu peur de la souffrance et de la mort. Mais s’ils ont eu le courage d’aller jusqu’au bout, jusqu’à donner leur vie par amour pour Dieu, c’est que l’Esprit Saint avait mis en eux le don de force.

Cependant, ce don de force n’est pas réservé à ceux qui sont appelés de façon extraordinaire au martyre sanglant ; il est donné à tous ceux qui vivent le « martyre goutte à goutte », celui qui consiste à donner sa vie en aimant Dieu et son prochain dans la fidélité d’une vie ordinaire, malgré les difficultés, les épreuves, le découragement ou les tentations. « Pensons à ces hommes, à ces femmes, qui conduisent une vie difficile, luttent pour faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela parce que l’esprit de force les aide […]. Ces frères et sœurs sont des saints, des saints dans le quotidien, des saints cachés parmi nous : ils ont justement le don de la force pour accomplir leur devoir de personnes, de pères, de mères, de frères, de sœurs, de citoyens » (Pape François, catéchèse du 14 mai 2014).

9ème jour

Réflexion autour des 7 dons de l’Esprit Saint : conclusion

Nous venons de faire le tour des 7 dons de l’Esprit Saint. Pour reprendre l’image du voilier, nous avons découvert que ces 7 dons pouvaient être comparés aux voiles qui, bien déployées, permettent aux disciples du Christ de profiter pleinement du vent de l’Esprit qui ne cesse de souffler. Maintenant demeure la question de savoir comment puis-je savoir que j’ai bien déployé ces 7 voiles reçues au baptême et comment puis-je savoir que j’ai bien placé ma barque dans le sens du vent, de telle sorte que celui-ci s’engouffre dans les voiles. En d’autres termes, comment puis-je reconnaître que l’Esprit Saint a agi dans ma vie ?

De la même manière qu’on reconnaît un arbre à ses fruits, c’est à ses fruits qu’on reconnaît la présence discrète mais agissante de l’Esprit Saint dans notre vie. Autrement dit, c’est parce que mon âme goûte à l’un de ces fruits de l’Esprit qu’elle peut affirmer dans la foi : l’Esprit Saint était là ! Cette pensée, cette intuition ou ce sentiment étaient bien de l’Esprit Saint. Ces fruits sont donnés par saint Paul dans sa lettre aux Galates : « voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22-23).

Remarquons que Saint Paul ne dit pas « voici les fruits » mais « voici le fruit de l’Esprit ». Ne passons pas trop vite sur ce détail en apparence sans importance. Être disciple de Jésus, ce n’est pas se balader dans un grand supermarché de la religion à la recherche d’un article qui me convient ! Aucun disciple ne peut dire : « Moi, je suis plutôt joie et un peu bonté, mais patience et maîtrise de soi, je les laisse aux autres ». En réalité, toutes ces attitudes constituent ensemble, le fruit de l’Esprit qui manifeste ainsi sa puissance dans la vie nouvelle de ceux qui, comme dira Saint Paul, se « laissent conduire par l’Esprit ». Ces fruits de l’Esprit sont comme les doigts de la main qui ne grandissent pas chacun à leur vitesse, mais ensemble, et de façon harmonieuse.